Paru dans la Marseillaise du 8 novembre dernier
« Il y a bien du monde devant le magasin », constate cette dame venue à pied du lotissement voisin remplir son cabas à roulette de quelques provisions. Nous sommes dimanche matin, 5 novembre. Il est 10 h 30 et effectivement une trentaine de personnes sont devant le parking du magasin Dia de Gignac, ex ED. Membres du PCF local et du Rove, de la CGT commerce et services, d’élus du groupe Gignac J’y vis, ils accompagnent entre autre Michèle, Brigitte, et Ali salariés de cette enseigne et qui protestent vigoureusement avec leur syndicat CGT, contre le travail du dimanche mis en place ici depuis septembre. À l’intérieur de l’enseigne, deux caissières travaillent pour accueillir les rares clients dominicaux.
« Nous n’avons eu aucune concertation, ni aucune information préalable à ce changement d’horaire qui bouleverse nos vies. Il est hors de question que nous travaillons le dimanche. C’est un jour de repos commun à une grande majorité de salariés qui permet de structurer la société socialement, économiquement et écologiquement. Il est un des composants du vivre ensemble. Le repos dominical est un élément de cohésion sociale permettant à la population dans son ensemble d’avoir des loisirs, de se cultiver, de décompresser du rythme du travail collectivement. Il est un constituant de la santé des salariés pour de meilleures conditions de vie et de travail », expliquent en chœur ses salariés visiblement traumatisés par ce diktat venu de la Grande direction. « Moi je suis là depuis 1998 et mon contrat me permet de refuser ce travail forcé. Je suis là par solidarité avec mes autres collègues qui pour la plupart ne peuvent agir autrement. Ce que nous demandons collectivement c’est la fermeture de ce magasin », nous explique Michèle. À ses côtés Brigitte, qui a été embauchée à la même époque n’a pas eu le courage de protester contre ce changement « car la direction voulait me mettre en absence injustifiée. Depuis, j’ai appris qu’elle n’avait pas le droit. Je vais donc refuser de travailler le dimanche », explique Brigitte très remontée et surtout très motivée à la vue des nombreuses personnes venues les soutenir. Quant à Ali, il ne sait plus sur quel pied danser tant son contrat reste flou à ses yeux. « J’ai signé un avenant en 2009 pour passer de 26 à 29 heures mais je ne sais toujours pas si j’ai le droit de refuser le travail dominical. La solution pour nous tous c’est qu’il ferme ce jour-là ». En tous les cas, les nombreuses signatures de soutien apposées au bas des pétitions montrent que cette bataille qui ne fait que commencer est réellement partagée par une majorité de visiteurs du dimanche. Et pour un grand nombre d’entre eux, ils rebroussent chemin en solidarité avec les salariés. « Nous pouvons être satisfaits de la solidarité qui s’est manifestée autour des employés du Dia de Gignac. Elle a été rapide et spontanée car chacune et chacun mesure que le travail du dimanche c’est une vraie régression sociale. Il faut arrêter d’ouvrir durant le repos dominical. Leur combat est juste », nous explique Alain Croce, Président du groupe Gignac j’y vis… Au fait la dame venue d’à côté, sachant ce qui se passait s’en est retournée chez elle. « je reviendrai demain… Ce sera lundi… ».
En bref :
- 11,60 euros
Vous savez quel est le gain supplémentaire pour une personne travaillant le dimanche matin. C’est 11,60 euros brut soit environ un peu plus de 10 euros. En fait les salariés grâce à la Loi Mallié (député UMP de Gardanne) ne perçoivent que 30 % supplémentaire pour quitter leur famille le dimanche matin. Pour Ali qui habite Vitrolles, cela correspond à ses frais d’essence et d’usure de la voiture. En fait il vient travailler quasiment gratuitement.
- Élus solidaires
Bernard Muller, Jean-François Salès, Ghislaine Gonzalès et Alain Croce, membres du groupe Gignac J’y Vis ont été toute la matinée bien présents aux côtés des salariés en lutte. Pour être exhaustif, Christian Amiraty, le maire de la commune avait demandé à Alain Croce de le représenter. Souffrant il n’a pu se déplacer.
- Commerçants en colère
L’association des commerçants qui compte 85 adhérents est en colère. Tout d’abord elle a été mise devant le fait accompli de cette ouverture. Et il n’y a toujours pas de contact avec l’enseigne pour avoir une quelconque explication. Cette ouverture mettant notamment en péril les commerces de bouche du centre ville. L’association a fait savoir au maire qu’elle refusait cette ouverture dominicale.
- Ça paie le dimanche ?
En fait l’ouverture du Dia le dimanche n’a aucun impact économique. Le chiffre d’affaires a baissé le vendredi et le samedi au profit du dimanche. La boulangerie installée à côté refuse d’ouvrir le dimanche. La maraîcher, prestataire de service pour Dia ne vient pas non plus. Seul le boucher également prestataire se lève le dimanche. La vraie question est donc : à quoi cela sert d’ouvrir le dimanche ????
- CGT commerce
On a noté sur place la présence d’Avélino Carvalho, responsable départemental de la fédération CGT commerce et service qui s’inquiète réellement de la tournure que prennent les événements. « L’ouverture du Dia à Gignac fait suite à une multitude d’ouvertures dominicales à travers tout le département. Cette semaine le Médef marseillais fait pression pour permettre l’ouverture de tous les commerces marseillais le dimanche. Cette Loi Mallié est une catastrophe pour les salariés du commerce. Nous serons donc très attentifs au débat qui aura lieu ce mercredi au sénat sur une proposition de Loi garantissant le repos dominical défendu par le groupe communiste et apparenté et qui pourrait mettre fin au travail du dimanche et pour laquelle nous avons été conviés à amender sa rédaction »