Questions au gouvernement-Séance du 19 octobre 2011
M. André Chassaigne. Monsieur le Premier ministre, notre pays compte 8,5 millions de personnes vivant au-dessous du seuil de pauvreté. Quant aux demandeurs d’emplois, ils sont aujourd’hui bien au-dessus des 4 millions. Dans les deux cas, l’augmentation est constante. Et tous, dans cet hémicycle, nous ne faisons que constater, chaque jour, des fermetures d’entreprise ou des suppressions d’emplois. La seule justification de ces désastres sociaux et humains est l’accroissement des profits pour le seul bénéfice des actionnaires et de dirigeants sans scrupules.
Quelques exemples complémentaires au cas déjà cité de M-Real.
- À Thiers et Monistrol en Auvergne, un groupe indien devient propriétaire de la société métallurgique Precitum, et laisse à l’abandon les deux sites pour cause de rentabilité insuffisante : 210 salariés en perdition ; que leur dites-vous ?
- À Riom, dans le Puy-de-Dôme, Cooper Sécurité décide de délocaliser en Roumanie 80 % de l’activité de sa filiale Luminox, alors que cette entreprise a réalisé, en 2010, 8,7 millions d’euros de bénéfice : 21 salariés sacrifiés ; que leur dites-vous ?
- Je pourrais rappeler aussi la lutte des salariés de la Fonderie du Poitou, dans la Vienne : 480 familles dans l’angoisse du lendemain ; que leur dites-vous ?
- Je citerai encore le combat, dans les Bouches-du-Rhône, des 182 salariés de Fralib – Thé de l’Éléphant – contre Unilever, qui a fait le choix de délocaliser pour mieux gaver ses actionnaires. Que leur dites-vous alors qu’ils sont en ce moment même devant la Cour d’appel d’Aix-en- Provence avec leur projet alternatif pour que soit annulé le plan qui les condamne ?
Ma question est donc simple : que dites-vous à toutes ces familles victimes des seuls intérêts financiers ou plutôt, monsieur le Premier ministre, que faites-vous ?
M. le président. La parole est à M. Éric Besson, ministre chargé de l’industrie, de l’énergie et
de l’économie numérique.
M. Éric Besson, ministre chargé de l’industrie, de l’énergie et de l’économie numérique. Monsieur Chassaigne, l’industrie française, comme toute l’industrie européenne, connaît à la fois des restructurations et des créations. Vous avez cité un certain nombre de dossiers sur lesquels vous savez personnellement que l’État est extrêmement mobilisé. Je ne peux les reprendre un par un dans les deux minutes qui me sont imparties, mais j’ai eu l’occasion de m’en expliquer ces dernières semaines. Je veux vous dire à quel point notre politique industrielle est claire. Elle a permis de baisser les charges qui pèsent sur l’industrie – je pense notamment aux taxes professionnelles –, de soutenir l’innovation et son financement – je pense aux actions d’OSÉO, du Fonds stratégique d’investissement, aux investissements d’avenir qui mobilisent 17 milliards d’euros en faveur de l’innovation. Tout cela, monsieur Chassaigne, commence à porter ses fruits. Vous connaissez les résultats d’un certain nombre d’entreprises, qu’il s’agisse de PMI ou de grands groupes qui remportent des marchés à l’export. Je pense à Alstom, à Airbus, à l’Oréal. Pour la première fois depuis vingt-cinq ans, l’industrie a créé un peu plus d’emplois qu’elle n’en a détruits. Le solde est stabilisé, voire légèrement positif. Depuis le début de l’année, la production industrielle a augmenté de 4 %. C’est plus que l’économie en général. Enfin, chaque jour, ce sont 360 créations ou agrandissements d’usines dont bénéficient nos territoires. Vous le voyez, monsieur le député, la situation de notre industrie mérite un diagnostic nuancé. Nous avons des faiblesses, mais nous avons aussi des forces, que nous essayons d’accroître avec beaucoup de détermination.
Tout l'art d'un ministre de droite de ne pas répondre à la question posée. Tout l'art d'un ministre à la solde du grand capital qui dit aux salariés, "ce n'est pas la peine de vous battre car de notre côté nous agissons. Certes pas dans la direction que vous souhaitez, mais nous agissons quand même. Des propos scandaleux de la part d'un ministre de la République et qui en plus vient dire à la représentation nationale que les exemples cités ne valent pas tripette… Décidément il y a des révolutions sociales et politiques à faire émerger. Nous ne vivons pas dans le même monde que ces gens là (comme le chantait si bien Brel) et surtout nous ne voulons pas y vivre ! Le vote Front de Gauche est véritablement d'actualité.