300 personnes s’étaient données rendez vous ce samedi 23 octobre devant le centre Beaubourg. Témoignages de salariés en lutte, d’enseignants, d’infirmières ou d’étudiants : tous se sont relayés pour expliquer le mouvement, les conditions parfois rudes dans lequel il se développe. On ne fait jamais grève par plaisir. Ca coûte ! Nicole Borvo, la présidente du groupe des sénateurs communistes et du Parti de gauche, était aussi présente au lendemain du vote à marche forcée dans la haute assemblée. Une manière de transmettre le bâton de la résistance. On ne lâche rien !
Pierre Laurent, Christian Picquet et Jean-Luc Mélenchon les trois porte parole du Front de Gauche à l’origine de cette initiative qui va désormais se décliner dans les villes, quartiers et entreprises étaient aussi présents pour haranguer une foule curieuse et solidaire où, fait notable, était aussi présente la presse internationale, venu là pour tenter de comprendre le mouvement social français.
Au bilan d’une heure trente de collecte, 5912 euros. Belle somme ! Elle confirme que le mouvement est définitivement populaire et largement ancré dans la population. Un lancement réussi et qui s’est multiplié partout en France pendant le week-end et qui va se poursuivre. Face à l’obstination gouvernementale, la solidarité est aussi une arme à la disposition du mouvement social pour faire plier le pouvoir en place. Elle est à utiliser sans modération !
Depuis des mois, nous sommes des millions de salariés, de chômeurs, de retraités, de lycéens, d’étudiants à nous être levés un à un contre la réforme des retraites. Nous sommes de plus en plus nombreux, le flot ne tarit pas.
Au contraire, comme en 2005, plus la droite et les experts es libéralisme s’acharnent à nous expliquer les vertus de leur réforme des retraites, plus le doute s’est insinué dans les têtes, et plus la mobilisation grandie.
Et comment ne grandirait-elle pas ?
D’abord, chacun a fait ses comptes. Et chacun voit clairement le prix qu’on lui propose de payer : travailler jusqu’à se que mort s’en suive ; une retraite au rabais ; des sexagénaires par centaines de milliers faisant la queue à pôle emploi plutôt que profitant d’une retraite méritée. Mais surtout, la porte ouverte à la finance et à la retraite par capitalisation. Et c’est là le fond de l’affaire. On a sauvé la finance à coups de milliards. Et maintenant, c’est aux travailleurs qu’on présente l’addition.
Le gouvernement enfermé dans ses certitudes, les intérêts qu’il défend, n’envisage d’autre solution que de prolonger les agapes, la nuit du Fouquet’s comme on a pu le lire sur les bannières des manifestants. Sa réforme n’a nullement l’objectif de sauver le système de retraite. C ’est un serment d’allégeance aux agences de notations, aux banques et à la finance.
Le seul horizon de Sarkozy et de son gouvernement de classe est donc celui de la division de notre mouvement. Les Roms stigmatisés, les rodomontades sur l’insécurité, la menace terroriste, et maintenant la jeunesse qu’il hait autant qu’il la redoute, tout aura été bon pour détourner l’attention d’une opinion publique qu’il croit docile.
Mais l’opinion se rebelle. Elle veut faire peuple. Et Sarkozy n’entend rien à tout cela. Il le craint même. Faire peuple, cela a de quoi inquiéter les valets de l’individualisme forcené.
Ceux qui partout en France, ont fait le choix de croiser le fer dans les entreprises pour défendre la retraite à 60 ans à taux plein, d’arrêter les raffineries, une chaîne de travail, ou encore d’ouvrir les portes des lycées à ce débat, ont besoin aujourd’hui de tout notre soutien.
Une journée de grève, ce ne sont pas des vacances. C’est un prix chèrement payé pour ceux qui font le choix de lever la main à l’appel des piquets de grève. Un jour de salaire, ce n’est pas rien. Quand ils sont cinq, dix ou quinze jours, et qu’on ne peut compter que sur sa propre détermination, ses maigres moyens, il en faut du courage...
Et partout pourtant, la solidarité s’exprime. 3 citoyens ou citoyennes sur 4 se déclarent solidaires de notre mouvement. Cela ne peut que réjouir celles et ceux qui depuis longtemps se battent. Cette solidarité s’exprime dans les cortèges, dans les discussions entre amis, collègues, dans les trains qui nous amènent sur nos lieux de travail. La solidarité est l’arme que le pouvoir redoute. Elle doit s’organiser.
Nous, Front de gauche, voulons y contribuer. Nous lançons aujourd’hui à travers le pays une souscription, un appel national aux dons pour soutenir nos amis et camarades engagés, en grève.
C’est l’appel des communistes, des militantes et militants du Parti de gauche et de la gauche unitaire, de leurs élus qui se sont battus à l’Assemblée et au Sénat, pour faire échec à cette réforme et en proposer une autre.
C’est une grande campagne nationale de collecte de fonds que nous organisons partout en France pour soutenir les salariés en lutte. Face à l’obstination et à la brutalité gouvernementale, c’est notre solidarité qui sera la réponse. Tous les fonds que nous allons rassembler seront utiles pour les salariés eux-mêmes. Utiles parce que cette solidarité est une écharde dans la main même du pouvoir, un grain de sable qui peut bloquer une mécanique entière.
Alors peu importe celui qui est à la proue du navire : salariés des raffineries, enseignants, cheminots, salarié du privé, l’objectif est de leur apporter les moyens de continuer la lutte parce que nous pouvons gagner. Le pouvoir est aux abois. L’usage de la force montre sa faiblesse. Il le sait. Nous le savons tous.
Alors, à tous ceux qui ne peuvent et ne pourront, s’engager directement dans la bataille, dans la grève, nous disons : vous pouvez manifester votre sympathie, concrétiser votre soutien et contribuer au succès en vous montrant généreux, en donnant qui une pièce, qui un billet.
La victoire est possible.