Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Le Conseil européen adopte un budget européen d’austérité

le hyaric2.jpgUne note de Patrick Le Hyaric, député européen du Front de Gauche et directeur de l'Humanité

Les chefs d’États européens réunis les 7 et 8 février 2013 pour dessiner les contours du futur budget de l’Union européenne se sont pliés aux logiques d’austérité qui prévalent dans leur pays.

Alors que l’Union européenne dispose de plus en plus de prérogatives, qu’elle se donne pour ambition de réguler davantage notre économie et que son intervention est attendue dans des domaines autrefois réservés aux États, comme le social, le Conseil européen a fait une première historique en décidant de réduire le budget européen.

Cette réduction est conséquente, puisqu’en passant de 1,1% du Revenu National Brut (RNB) alloué au budget à 1% c’est 10% que l’on enlève au budget européen qui s’élèvera à 960 milliards d’euros pour la période 2014-2020 alors que la Commission déjà peu ambitieuse proposait 1 033 milliards.

Cette décision marque la victoire des logiques d’austérité et du repli sur soit porté respectivement par l’Allemagne et la Grande-Bretagne. Elle consacre la vision d’une Union européenne dépendante des États financièrement et des lobbys en termes de compétence. Comment l’Union européenne peut elle s’arroger des pouvoirs réglementaires supplémentaires en termes de supervision bancaire, légiférer dans des domaines aussi sensible que la santé, la concurrence, l’environnement sans pour autant disposer d’une expertise indépendante ? C’est ce à quoi amène la situation actuelle et qui sera amplifiée par la décision de réduire les dépenses administratives de 1 milliards alors que les compétences de l’UE ont été élargies.

 

fmi grecs1.jpgMais plus fondamentalement, ce budget reflète un renoncement général à toute stratégie d’investissement, à toute mesure de relance. Il maintient des dépenses établie et nécessaires comme la Politique Agricole Commune (PAC) ou la politique de cohésion au dépend des dépenses supplémentaires dans les infrastructures ou la recherche. Ces coupes dans les dépenses d’avenir ne protègent pas pour autant les dépenses établies. La PAC, sera amputée de 12,5% de ses fonds en valeur nominale, mais en termes absolu, en comptant l’inflation, c’est 20% de fonds en moins que toucheront les agriculteurs dans certains cas. Comment alors faire face à la concurrence mondiale imposée par les nouveaux accords de commerce européen ? Comment s’en sortir avec les prix des intrants agricoles (le carburant, les engrais, le fourrage pour le bétail) qui augmentent ? Comment respecter de nouvelles normes environnementales nécessaires mais couteuses ? Comment garantir la pérennité d’une agriculture paysanne qui garantisse un approvisionnement de qualité et respectueux de l’environnement ?

Les réductions dans la politique de cohésion, elle aussi durement frappée, évitent de toucher aux régions les plus pauvres, les coupes se feront dans les régions en transitions, ou dans les régions les plus riches. -La réforme de la PAC serait plus heureuse s’il elle s’inspirait de cette logique privilégiant les pauvres au dépends des riches-, pour autant des fonds de cohésion en moins pour des régions riches comme l’Ile de France c’est moins de projet sociaux dans nos quartiers, moins de projets d’infrastructures financés par l’UE qui permettent pourtant de désenclaver des populations entières.

pead.jpgEnfin, l’Union européenne abandonne définitivement toute ambition de solidarité :

•l’aide aux plus démunis si importante pour les associations de solidarité passe de 500 millions d’euros par an à 300 millions d’euros

•le Fond d’ajustement à la mondialisation qui pourrait bénéficier malheureusement aux travailleurs licenciés de PSA ou Goodyear est réduit à 150 millions d’euros par an alors qu’il disposait d’une enveloppe de 500 millions

•le Fond de solidarité qui vient aider les États victimes de catastrophes naturelles suit la même logique passant de 1 milliards à 500 millions d’euros.

Comment alors donner aux peuples l’envie de croire au projet européen ?

Comment leur redonner espoir dans ce rêve de solidarité lorsque la principale décision de ce sommet reste de confirmer toutes les réductions et rabais dont bénéficient les États les plus riches et de suivre leurs directives ?

On aura beau jeu de prétendre que l’on a sauvé ce qui pouvait l’être, d’arguer de la difficulté de ces négociations absurdes autour d’un cadre de sept années alors que nul ne sait de quoi l’avenir sera fait. Cet avenir que vivra notre jeunesse, il est terni par ce renoncement à toute ambition. Dans cette suite de coupes et de réductions on pourrait se féliciter que le budget européenne daigne trouver 6 milliards d’euros pour les jeunes via la garantie pour la jeunesse. Mais limiter ces fonds aux seules régions qui atteignent le record de 25% de chômage parmi les jeunes c’est confirmer une logique : parer à l’urgence et oublier l’avenir.

En conséquence ce budget doit être rejeté, il doit faire place à l’ambition nécessaire d’une sortie par le haut de cette crise qui frappe si violemment les peuples. Il doit disposer de ses propres ressources pour se libérer des égoïsmes nationaux et permettre une relance par les salaires, l’investissement dans les hommes et les territoires. Il doit sortir des logique du chacun pour soi, de l’austérité imposée aux plus fragiles pour faire place à ce qui fonde le projet européen : la coopération et la solidarité.

Les commentaires sont fermés.