Tribune de Jacques Lerichomme, Conseiller régional du Front de Gauche
Tout va bien pour le CAC 40 !
Chaque année, début janvier, la presse révèle le montant des dividendes versés par les entreprises françaises du CAC 40 à leurs actionnaires, sur la base de l’exercice 2011. En 2012, c’est ainsi plus de 37,4 milliards d’euros qui seront généreusement distribués aux propriétaires d’actions qui n’auront fait aucun effort pour cela. C’est un peu moins qu’en 2011 (40 milliards d’euros) qui avait été une année particulièrement faste. C’est la ponction la plus brutale, la plus évidente d’une part des richesses produites par le travail de la collectivité et qui est aspirée par une minorité de rentiers.
L’entreprise la plus généreuse envers ses actionnaires est la société TOTAL, qui distribue à elle seule 5,38 milliards d’euros (alors que d’importants investissements dans les raffineries seraient nécessaires), puis viennent les sociétés France Télécom, Sanofi, GDF SUEZ, EDF, BNP Paribas (qui a annoncé fin 2011 1 396 suppressions d’emplois, dont 373 en France)… Sans compter que la plupart des entreprises du CAC 40 font tout pour payer le moins d’impôts à l’Etat (en moyenne 8% de leurs bénéfices alors que le taux normal est de 33%), ce qui accentue le déficit public et le poids de la dette. L’entreprise Total avait même réussi, en jouant sur les niches fiscales, à ne payer aucun impôt certaines années. Mais pour les amis de Sarkozy, il n’est pas question de rigueur et d’austérité… La dolce vita continue ! Tandis que les prix augmentent pour les salariés. La gauche doit se faire entendre et ne pas rester anesthésiée. Cette situation montre que les richesses existent, qu’il y a des marges de manœuvres. Il serait nécessaire de fiscaliser beaucoup plus fortement les revenus des actionnaires et surtout d’imposer de nouveaux droits pour les salariés afin que les décisions d’investissements stratégiques ne relèvent pas de la seule volonté des actionnaires uniquement préoccupés par la rentabilité de leur capital.
Face à la crise, il faut imposer un pôle financier public
Aujourd’hui, pour endiguer la crise et ouvrir une alternative, c’est sur les banques européennes, allemandes et françaises en particulier, qu’il faut porter le fer de toute urgence. Selon Serge Maître (secrétaire général de l’Association française des usagers de banques) : « Grâce aux statistiques révélées par les krach tests, nous avons la preuve que les banques françaises investissent deux fois plus que leurs homologues allemandes sur les marchés financiers. » C’est l’orientation massive de l’activité bancaire vers les marchés financiers plutôt que pour répondre aux besoins économiques et sociaux de la majorité de la population qui est à la racine du problème. C’est à cette question que la gauche doit s’attaquer. La banque n’est pas une activité neutre ou qui devrait permettre à une minorité de s’enrichir. C’est un secteur qui devrait être subordonné à l’intérêt général. C’est le sens de la proposition de pôle financier public faite par le Front de Gauche. Faire crédit pour investir est un pari sur l’avenir, une prise de risque, qui engage toute la société et doit donc relever de la souveraineté démocratique et des pouvoirs publics, et qui ne peut en aucun cas être réduit à de la pure spéculation pour accumuler des profits.
C’est le sens de la proposition du Front de gauche de nationaliser les principales banques françaises.
Il ne s’agit pas que l’Etat rachète des établissements criblés de dettes, pour ensuite les revendre sur le marché après avoir fait payer les dettes aux finances publiques. Il s’agit d’engager un processus d’appropriation sociale du secteur bancaire, qui passerait en France par la mise sous contrôle public, des trois principales banques (Crédit Agricole, Société Générale, BNP Paribas) pour réorienter ses activités dans le sens des investissements socialement et écologiquement utiles. Cela ne pourrait être mis en œuvre qu’avec la participation des salariés du secteur bancaire eux-mêmes qui – aujourd’hui subissent des plans de licenciements brutaux et sont parmi les premières victimes de la folie spéculative et de la toute-puissance des grands actionnaires.