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Cette journée où Châteauneuf fût libérée.

En cette période de commémoration du 66ème anniversaire de la libération de la Provence,  Esprit Délena, chateauneuvais depuis 1924, et membre du parti communiste, nous raconte, le 21 aout 1944.

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Esprit quel âge aviez vous au mois d’aout 44 ?

Esprit Délena : « J’avais 19 ans, j’étais tous jeune. Nous habitions une maison située dans le quartier du Léou, à la sortie du village, avec mes parents et mes frères. Ensemble nous cultivions les champs. Les temps étaient durs, mais à l’époque avoir un bout de terre ça remplissait l’estomac. On y faisait pousser des légumes, et au fond du jardin il y avait quelques poules et quelques lapins. Mon père était pêcheur aussi, alors ça allé ! On été mieux qu’en ville c’est sur. Et puis de temps en temps on allait chercher du blé à Vitrolles en vélo, chez mon oncle, il nous en donnait une dizaine de kilos que nous dissimulions sous des légumes frais. Sur le trajet de retour à coup sûr, mon frère et moi, nous le faisions avec la peur au ventre. Car à cette époque transporter du blé valait la même sanction que de transporter des armes : c’était la mort ! 

Avait-il une présence soutenue allemande à Châteauneuf durant l’occupation ?
Comment vous dire, on les voyait passer c’est sur, et quand ils s’arrêtaient on s’en souvenait ! Un jour quatre soldats sont venus frapper à la porte de la maison pour arrêter mon père. Ils venaient faire une arrestation sur dossier. Mon père durant la grande guerre était marin. Il faisait parti des soldats qui en fin de guerre ne voulaient plus se battre, surtout loin de chez eux, aux Dardanelles,  et  avec ces camarades, ils furent appelés  les mutins de la mer noire. Mon père avait un casier quoi, et un statut d’insoumis. Alors les soldats l’emmenèrent pour l’exécuter, à la carrière à Martigues, mais ce jours là un policier français qui assisté les allemands, reconnu mon père et lui sauva la vie.
Non, il n’y avait pas d’infrastructure allemande à Châteauneuf, seulement une batterie anti-aérienne situé à la place qu’occupe actuellement la société « les Matériaux du Château ».

La résistance était elle présente et active sur la commune ?
ED: «Oui, il y en avait une poignée au début, des hommes courageux, mais  à la libération tous le monde étaient résistants et communistes, c’était le sens du vent… 
Je me souviens qu’à la fin de la guerre le défilé qui partait du Quartier du Garangeol, se terminait devant l’actuel PMU! Autrement dit tous Châteauneuf était là !
Mais oui, il y avait la résistance à Châteauneuf, c’était les frères Audibert, Armand et Marceau.
Je me souviens, c’était un mercredi, le 7 juin 1944, il faisait très chaud, nous étions au jardin quand  soudain le chien des voisins ne s’arrêtait  plus d’aboyer. Un camion de l’armée allemande stationnait  sur la route nationale et des soldats en sont sortis. Ils commencèrent à descendre le chemin. Ils venaient arrêter  notre voisin, Fortuné Belcari, qui travaillait aux champs, mais faisait également parti de la résistance.
Le chien qui aboyait toujours, à averti malgré lui, Fortuné de l’arrivée imminente des soldats. Sans attendre son reste,  il prit la fuite et sauta dans un canier. Aussitôt  les hommes de la wermarth firent feu,  mais ne l’attenir pas. Fortuné arriva à se glisser dans un ruisseau pour en sortir presque au niveau de la route. Devant notre maison, contre le murier le vélo familial avait sa place. Fortuné, pieds nus et détrempé,  l’enfourcha, et dans sa fuite il passa devant le camion et le soldat allemand qui était en faction. Quel culot ! Le soldat n’a même pas fait le rapprochement. Oui la résistance était là, c’était vraiment des gars courageux. »

Que c’est il vraiment passé ce fameux lundi 21 aout 1944, qui fait acte comme  la libération de la ville?
ED: « On se tenait informé des événements devant l’ancienne mairie. Durant cette période comme les alliés avaient débarqué, les actualités annoncées le départ imminent des troupes allemandes. Nous étions donc devant la mairie quand un gars à vélo informa à qui voulait l’entendre, qu’un convoi allemand se dirigeait vers Châteauneuf. Effectivement, trois camions réquisitionnés et équipés de mitraillettes directement posées sur le capot, avec à leurs bord une demi douzaine de soldats en tout, roulaient en direction de Châteauneuf.
La décision fut rapidement prise, par les membres de la résistance, de le capturer.
Et voilà que trois résistants se place sur le chemin du convoi. Dés le détachement motorisé en vue, un des trois gars sorti du fossé, où il était embusqué, en faisant de grands signes de bras pour faire stopper le premier camion. Le résistant monta, dés l’arrêt du camion, sur l’aille côté conducteur et lui demanda d’aller jusqu’au centre ville. La surprise, la confusion du moment peut être, mais ça fonctionna ! Les trois camions arrivèrent dans le centre ville nez à nez avec  les gens attroupés devant la mairie.
Quand soudain,  un mouvement de foule se transforma en mouvement de panique et les soldats allemands ouvrirent le feu sur la foule. Heureusement que la mitraillette n’était pas fixée sur le capot et que celui-ci était très fin !
Dès le premier tir, la mitraillette s’enfonça sur la fine tôle du capot, et ne put qu’envoyer ses projectiles meurtriers au dessus des têtes. Tout le monde s’éparpilla. Bilan: un blessé.
 Deux résistants munis d’une grenade, allèrent prendre place au dernier étage de la mairie. D’une fenêtre entre baillée, ils la projetèrent. La grenade fini sa course devant le deuxième camion, immobilisant ainsi le reste du convoi. Quand au premier véhicule, il put prendre la fuite, mais fût stopper et fait prisonnier à Martigues. De là, les soldats allemands pris de panique, sautèrent des camions et partirent dans tous les sens. Ils furent eux aussi très vite capturés. Dans sa fuite, un soldat alla se refugier dans les anciennes toilettes publiques. Aussitôt des hommes armés de la résistance se postèrent pour encercler le fugitif. Quand le soldat prit conscience que tout était perdu pour lui, il sorti, mais toujours armé de son abri. La tension était vraiment palpable, et un coup de feu du côté de la résistance éclata.
Le soldat retranché tomba à terre.
La seule fausse note de cette histoire, c’est qu’au bout son fusil, le soldat avait accroché un foulard blanc.»

 

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