Cher Monsieur Lars Olofsson, Pdg de Carrefour,
Tout d’abord au nom des élus communistes de la ville de Châteauneuf-les-Martigues qui accueille sur son territoire une surface commerciale Carrefour, et au nom des communistes de la cité, nous tenons à vous apporter tout notre soutien dans votre combat pour pérenniser votre entreprise mondiale. Si nous sommes bien informés, vous dirigez le deuxième groupe mondial du secteur en chiffre d’affaires (86 milliards en 2009), juste derrière l’américain Wal-Mart. Vous êtes aussi l’un des premiers employeurs privés de France, avec 119 853 salariés en juillet 2009.Vous avez donc une très lourde responsabilité économique mais également sociale.
Dans un communiqué, Carrefour affirmait début 2009 lors de votre venue que vous étiez le dirigeant dont le groupe avait besoin pour entamer une nouvelle étape de son développement en mettant en avant votre "expérience exceptionnelle des métiers de grande consommation, construite en plus de 30 ans, tant en France qu'à l'international".
Vous avez fait l'essentiel de votre carrière au sein du groupe Nestlé. De bien belles références qui auraient pu être mises à profit pour développer humainement et socialement cette belle entreprise.
Pour autant vos états de service, notamment en Europe et particulièrement en France nous laissent penser que votre poigne de fer (que vous utilisez semble-t-il à merveille au golf et au tennis) soit uniquement dirigée contre celles et ceux qui aujourd’hui contribuent à l’essor de cette enseigne et abondent votre compte en banque, ainsi que celui des actionnaires.
N’est-ce pas Carrefour qui a versé sur les cinq dernières années 5 milliards d’euros de dividendes aux actionnaires ?
N’est-ce pas cette même enseigne qui en 2009, a engrangé, grâce aux sacrifices de tous ses salariés mais également contre les revenus des agriculteurs, et des entreprises agroalimentaires, un bénéfice de 1 milliard 150 millions d’euros, dans une période dite commercialement difficile ?
N’est-ce pas vous qui avez décidé de la suppression de 5 000 postes sur le territoire français (sans compter le massacre en Belgique et en Italie) malgré vos bénéfices astronomiques ?
N’est-ce pas vous qui avez proposé un projet d’économie de 4,5 milliards pour 2012 ?
Les réponses à ces questions, nous les avons déjà.
Malheureusement, nous sommes au regret de vous dire, que si nous soutenons le noble combat d’un chef d’entreprise pour pérenniser son outil industriel et commercial, nous ne sommes en rien solidaires de vos choix financiers qui tuent l’emploi, précarisent celui déjà existant, et jouent contre le tissu économique de la France tout en affaiblissant l’équilibre social déjà gravement fragilisé par la politique du présent Gouvernement.
Notre position n’a rien de dogmatique. Elle est en lien avec ce que vivent vos salariés mais aussi vos clients.
Moins de personnel dans les rayons… Moins de personnel en caisse… Moins de personnel dans les stands et les services… Moins de choix dans les produits…
Embauche de contrats professionnels payés par le Pôle emploi pendant une semaine (au moins 15 sur Carrefour La Mède), puis quelques contrats CDD non renouvelés pour reprendre des contrats professionnels… Et ainsi de suite…
Comble du cynisme, le cadre tuteur fait rentre de l’argent dans les caisses du magasin.
Carrefour a donc de la main d’œuvre gratuite et en plus se fait rémunérer pour service dit rendu.
Refus d’embauches et de remplacements pour préparer l’arrivée massive des caisses automatiques, suppressions de postes de pesées fruits et légumes, des standards…
Dans la logistique on assiste à une réduction draconienne des stocks avec à la clé d’après les organisations syndicales une diminution dramatique des postes de caristes, réceptionnistes, contrôleurs… Le tout doublée d’une polyvalence accrue et non rémunérée.
Nous n’osons vous évoquer ce qui se passe dans les Carrefour-Market (ex Champion) où là on assiste à la mise en place du projet pluri-activité pour les salariés qui sont amenés aussi bien à remplir les rayons, qu’à effectuer un aller-retour en caisse, et demain faire le ménage voire réparer les chariots endommagés si ce n’est vérifier l’installation électrique.
Et tout ceci pour un salaire n’excédant pas les 1 000 euros quand ce n’est pas moins pour les temps partiels subis.
C’est pourquoi d’une part nous apportons notre entier soutien aux salariés de Carrefour qui demandent des embauches immédiates, de la considération et du respect et bien entendu des augmentations salariales.
D’autre part, nous vous demandons un rendez-vous afin que nous évoquions ensemble cette situation qui ne peut plus durer. Avant de rémunérer les actionnaires, répartissez les richesses créées par les salariés aux salariés eux-mêmes.
Le lieu, le jour et l’heure sont à votre convenance.
Si vous le permettez, et s’ils le souhaitent nous serons accompagnés de salariés de l’enseigne afin qu’ils vous expliquent de vive voix leur situation. Ils et elles ont du respect pour leur travail. Montrez leur que vous en avez également en retour.
Sans être irrespectueux, permettez-nous de vous rappeler l’épisode de Nestlé Saint-Menet.
Vous vouliez fermer cette entreprise. Aujourd’hui elle est encore debout. Et pourtant vous avez usé de tous les stratagèmes pour arriver à vos fins.
En attendant de vous rencontrer, recevez monsieur nos sincères salutations.
Messeguer Jacques, Adjoint au Maire et Président du Groupe communiste
Del Baldo Thierry, Secrétaire de section PCF Châteauneuf-les-Martigues